La Tête froide

À l’origine de ce projet, une image mentale persistante : celle d’une femme seule dans la montagne enneigée. Comme si le personnage de Marie avait sauté à pieds joints dans l’imaginaire de cet ancien journaliste-documentariste (lauréat du Prix Albert Londres en 2007 pour son film Rafah, chroniques d’une ville dans la bande de Gaza) au point d’engendrer à elle seule l’écriture de cette première fiction pour le grand écran. Celui qui a filmé la « jungle » de Calais, côtoyé de près des hommes, femmes, adolescents et enfants aux trajectoires douloureuses explore avec cette histoire un recoin du réel peu montré au cinéma jusqu’alors : ce qui se joue aux frontières entre passeurs et migrants aussi bien concrètement que psychologiquement. À juste distance de leurs protagonistes, Marie et le jeune migrant Souleymane, Stéphane Marchetti et sa collaboratrice au scénario Laurette Polmanss ne portent aucun jugement moral sur leurs actes et bâtissent les rouages de la machine infernale dans laquelle ces survivants se retrouvent captifs. Car Marie est de ceux-là : dans son mobil-home, jonglant entre les combines et les petits boulots, elle peine à maintenir la tête hors de l’eau, mais garde son sang-froid, comme l’évoque le titre, face au péril qui se fait de plus en plus menaçant.

TERMES ET CONDITIONS