QI : l’intelligence est-elle héréditaire ?

Le quotient intellectuel, ou QI, est-il défini dès notre naissance de par l’héritage génétique de nos parents ou évolue-t-il davantage en fonction de notre environnement ?
Le quotient intellectuel, aussi appelé QI, est “la meilleure mesure qu’on a de l’intelligence générale, nous explique Franck Ramus, chercheur en psychologie et directeur de recherche au CNRS. Elle permet d’évaluer tout ce que le cerveau est capable de faire en termes de raisonnement, de compréhension et de mémoire. En revanche, ce concept scientifique ne couvre pas toutes les formes d’intelligences au sens du langage courant, comme la créativité, le talent artistique ou les compétences sociales.” C’est d’ailleurs l’une des raisons qui font que cette notion est parfois décriée.
Cette échelle de l’intelligence, inventée par le psychologue Alfred Binet au début du XXè siècle pour détecter les élèves en difficulté, permet d’évaluer les aptitudes cognitives d’une personne par rapport à un groupe d’individus du même âge. Le test Stanford-Binet était la référence dans les années 1960-1970, explique le site de l’Inserm, avant que d’autres ne le remplacent. Le WAIS (Weschler Adult Intelligence Scale) est le test de QI le plus utilisé pour les adultes tandis que le WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children) est le test de référence des enfants. “Les tests évoluent tous les 10 ans à peu près pour correspondre à la culture contemporaine et au vocabulaire d’aujourd’hui”, souligne le chercheur. Mais comment est déterminé le QI ?
Une part de génétique
“Les capacités cognitives sont en partie déterminées par le patrimoine héréditaire, détaille Franck Ramus. Les études faites sur le sujet montrent qu’il y a environ 50% des différences individuelles qui sont dues à des différences génétiques et 50% qui sont dus à des différences dans l’environnement.” L’éducation, l’environnement social et familial, les maladies ou encore la nutrition sont autant de facteurs qui jouent un rôle sur le développement du cerveau et peuvent avoir des conséquences sur les scores des tests de QI.

Une étude menée par la généticienne Danielle Posthuma de l’Université libre d’Amsterdam (Pays-Bas) en 2018 confirme que la génétique ne fait pas tout. L’analyse du QI et de l’ADN de 269 867 personnes estime que 1016 gènes sont impliqués dans l’intelligence et que le reste est déterminé par l’environnement. Les psychologues Robert Plomin et Sophie von Stumm qui se sont intéressés aux différences de QI au sein de fratries où un enfant avait été adopté et au sein de fratries comprenant des jumeaux dressent le même constat : “Les différences héréditaires dans la séquence d’ADN représentent environ 50 % de celles observées au niveau des mesures de l’intelligence.”
Deux personnes avec un bon QI ne feront donc pas forcément un enfant intelligent. “Les parents transmettent chacun 50% de leur génome à leur enfant qui va porter une combinaison unique. Il ne va pas toujours hériter des allèles les plus favorables de chacun de ses deux parents, détaille le spécialiste qui rappelle qu’“il y a beaucoup de facteurs aléatoires dans la transmission génétique”. C’est d’ailleurs pour cette raison que deux frère et soeur peuvent avoir des scores très différents aux tests de QI.
Le rôle de l’environnement
Si nous ne tirons pas tous le même numéro à la loterie génétique de l’intelligence, il est toujours possible d’améliorer ses capacités cognitives. “L’enseignement reçu à l’école fait partie des éléments qui aident au développement de l’intelligence des enfants, soutient le chercheur. Chaque année de scolarisation fait progresser l’intelligence de l’enfant de l’équivalent de 3 points de QI.»Le spécialiste des sciences cognitives ajoute que les scores bruts obtenus aux tests augmentent jusqu’à 25 ans avant de décliner lentement. “Mais quand on les convertit en score de QI, on les rapporte toujours à la population du même âge”, rappelle-t-il. Du coup, les scores de QI sont assez stables tout au long de la vie.