«Stella, une vie allemande» : l’histoire vraie d’une juive qui a dénoncé les siens

Adapté de la vie de Stella Goldschlag, qui a livré des juifs aux nazis entre 1943 et 1945, le film en salles ce mercredi donne matière à réflexion et offre une nouvelle composition époustouflante de la jeune comédienne Paula Beer.
Berlin, fin des années 1930. La pétillante Stella, jeune juive-allemande membre d’un groupe de jazz et mariée à un musicien, envisage sérieusement de faire une carrière internationale. Mais la montée en puissance des nazis au pouvoir va perturber ses plans : la voilà obligée de porter l’étoile jaune et de travailler à la chaîne, avec ses parents, dans une usine d’armement. Son père a bien tenté de faire fuir sa famille à l‘étranger, mais rien n’a fonctionné.
Pourtant, Stella ne renonce pas, et rêve toujours de jours meilleurs. Passée dans la clandestinité, et pouvant se déplacer aisément grâce à sa chevelure blonde et ses traits «aryens», elle est finalement arrêtée et torturée en 1943. Elle va alors accepter, pour sauver ses parents, de collaborer avec les SS en désignant d’autres juifs qui vivent cachés. Elle s’y emploiera jusqu’en 1945, dénonçant des milliers de juifs, et ce malgré les mensonges des nazis qui ont déporté ses parents et son mari fin 1943…

Elle aurait dénoncé entre 600 et 3 000 juifs
Tout est vrai — et même adouci — dans le récit de “Stella, une vie allemande“, en salles ce mercredi, et incarné par Paula Beer, auparavant très apprécié dans «Frantz» de Français Ozon en 2016 et plus récemment dans «Le Ciel Rouge» de Christian Petzold. Le film est adapté de la vie de Stella Goldschlag, connue à Berlin durant le régime nazi sous le pseudonyme du “Greifer“ ― “la grappin“ — car elle aurait alors dénoncé entre 600 et 3 000 juifs.
Elle n’est pas la seule : d’autres cas de juifs qui ont traqué les leurs ont existé dans toute l’Europe et, à chaque fois, c’était au départ pour sauver des membres de leurs familles. Mais la figure de Stella Goldschlag fascine — ou repousse —, tant elle était particulière : très belle, blonde, elle s’est servie de ses atouts physiques pour déambuler tranquillement dans Berlin, même si, à la fin de son parcours de dénonciatrice, elle était redoutée par les juifs qui vivaient dans la clandestinité.